"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale."

J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... (ouvrage téléchargeable ici).

22 juin 2014

Le pseudo-pontificat de Tugdual et la dimension hagiographique de l’érection du siège épiscopal de Tréguier



Par les forces de l’esprit auxquelles croyait Bernard Merdrignac, il me semble que ce Maître et ami, en prolongeant dans une contribution publiée après sa disparition l’une de nos dernières discussions, « m’emporte dans [s]on cœur, par-delà le temps et l'espace et même au-delà de la mort », comme le chante Gilles Servat.


La  contribution dont il s’agit, intitulée, cum grano salis, « La “renonciation” de Tudual Pabu au siège pontifical »,  vient de paraître (juin 2014) dans le volume de Mélanges en hommage à un autre cher disparu, Jean-Christophe Cassard, arraché brutalement à l’amitié des siens le 10  janvier 2013. Deux jours plus tard, Bernard et son épouse avaient fait le déplacement au petit cimetière de Locquirec, pour assister à l’inhumation de Jean-Christophe ; ils avaient également accepté notre invitation à venir goûter à la maison après la cérémonie. Il restait alors à Bernard 10 mois à vivre, c’est-à-dire à travailler : jusqu’au dernier moment en effet, comme le montre son ultime notule sur son blog, il aura affirmé son goût de la recherche et  témoigné de sa sollicitude à l’égard des autres chercheurs.


I

Dans son article, Bernard me fait l’honneur de me présenter comme l’un des spécialistes de du dossier littéraire de saint Tugdual, en faisant référence à mes « nombreuses publications sur ce dossier hagiographique »[1] et en citant à plusieurs reprises les hypothèses que j’ai défendues dans les travaux concernés : il retrace avec acribie l’évolution de ma réflexion sur ce sujet et finit par constater que, malgré les allusions de l’auteur présumé de la vita moyenne du saint, Martin, évêque de Tréguier, ancien chapelain du comte d’Anjou, à la civitas Lexoviensis dont Tugdual avait occupé le siège épiscopal, « André-Yves Bourgès en vient même à douter que Martin ait cherché à capter au profit de Tréguier le prestige d’un évêque d’une cité de Deuxième Lyonnaise »[2].  Secondairement, Bernard souligne que la formulation d’un passage du § 8  de cette vita laisse entendre que, contrairement à l’opinion que j’ai suivie,  Martin situait bien en Bretagne, plutôt qu’à Lisieux, le siège épiscopal de la civitas Lexoviensis[3].


Après la lecture de la passionnante étude de Bernard, je constate cependant que je reste sur l’essentiel de mes positions antérieures, que je souhaite rapidement rappeler ici et qui, malheureusement, ne feront pas l’objet d’une réponse de la part de celui à qui ces quelques lignes sont principalement destinées. 


1°) Il n’est nullement certain, me semble-t-il,  que l’auteur de la vita moyenne a cherché à capter au profit de Tréguier le lustre attaché à la carrière d’un certain Tugdual, qui aurait occupé le siège épiscopal de la civitas Lexoviensis et Patrice Lajoye a d’ailleurs rappelé qu’à l’époque où travaillait l’hagiographe, Lisieux était un évêché sans prestige et largement méconnu[4]. Au demeurant, l’évêque Martin avait choisi, au début de sa carrière, de s’intituler « évêque des Osismes » (episcopus Auximorum)[5] : dès lors, s’il convient de reconnaître en lui l’hagiographe, ce choix montre à l’évidence qu’il n’était pas question pour lui d’une « récupération » directe de l’éventuel épiscopat de Tugdual à Lisieux, auquel cas il aurait fait évidemment référence à cette cité dans sa propre titulature. De plus, rien n’indique que le Tugdual honoré à Lisieux à l’époque, ait occupé le siège épiscopal du lieu, ni même qu’il ait été évêque : ainsi, l’hypothèse séduisante de Patrick Lajoye, qui, sur la foi d’une vague homophonie entre le nom Tugdual et celui de l’évêque Theudobaudis, attesté en 538, 541 et 549, préconise qu’il pourrait s’agir du même personnage, me paraît-elle trop fragile pour être retenue[6].


2°) Pour l’auteur de la vita moyenne de Tugdual, il est clair que la civitas Lexoviensis ne se situait pas en Bretagne, mais en Neustrie : il s’agit donc bien de Lisieux. Dans le passage allégué par Bernard pour remettre en cause cette localisation, on lit que le saint à son retour de Rome est accueilli par  «tous les habitants de Bretagne et en particulier les fidèles de son diocèse » (omnes Britanniae habitatores et praecipue suae diocesis cultores) ; cette dernière désignation ne peut se rapporter qu’aux Trégorois, dont le siège épiscopal est nettement distingué de la cité de Lisieux par le même hagiographe à l’occasion de son récit de la consécration épiscopale de son héros (§ 5) : « ainsi, saint Tutgual, élevé en de telles circonstances à la dignité épiscopale et doté de richesses remarquables, s’en retournant vers ses disciples avec la bienveillance et la permission du roi, retraversa la cité de Lexovie, située dans le pays de la Neustrie, et se dépêcha ensuite de rentrer au siège dans lequel il avait servi le Seigneur fidèlement » (Sanctus itaque Tutgualus tali conditione ad pontificalem dignitatem sublimatus ac praeclaris numeribus ditatus, cum benevolentia regis et licentia ad suos alumnos regrediens, Lexoviensem urbem in pago Neustriae sitam revisit, ac postea ad illam sedem venire festinavit in qua Domino fideliter ministravit)[7]. C’est l’auteur de la vita longue qui, par la suite, a développé l’idée que Tugdual avait succédé à un prélat gallo-romain sur le siège d’une ancienne civitas, proche de Tréguier, épisode qui résulte d’une interprétation fallacieuse du passage de la vita moyenne que nous venons de citer : l’auteur de la vita longue a en effet supposé que les ruines impressionnantes qui se voyaient au Yaudet, en Ploulec’h, et qui, sans doute, dépendaient déjà de la manse épiscopale de Tréguier, étaient celles d’une cité autrefois appelée Lexovium[8].


II

Je me suis efforcé naguère de démontrer dans une étude spécifique par quel enchaînement les titulaires des sièges épiscopaux de Bretagne autres que ceux de Nantes, Rennes et Vannes, pour lesquels il n’existait pas de solution de continuité avec la situation tardo-antique, ont cherché, vers le milieu du XIe siècle, à les inscrire dans le prolongement des cités armoricaines du bas Empire. C’est à Martin de Tréguier,  présent dès 1054 avec l’évêque d’Angers aux côtés de l’archevêque de Tours lors la dédicace de l’abbatiale de Cormery où il est qualifié « évêque des Bretons » (Martino Britannorum praesule)[9], que revient d’avoir initié cette démarche destinée à asseoir la légitimité de son siège épiscopal en montrant de quelle ancienne civitas  il avait recueilli l’héritage : sans que nous en connaissions précisément les raisons, le choix fut finalement arrêté, comme on l’a vu, sur celle des Osismes. Si, à l’instar des évêques de Léon[10], les évêques de Cornouaille ont pu être tentés de revendiquer un temps l’héritage de cette même civitas, comme il se voit dans la vita de Menou [BHL 5931][11], l’initiative de Martin de Tréguier les a finalement incités à remplacer dans leur titulature Cornugalliensis par Corisopitensis[12], forme jusqu’alors inconnue sur place : son succès, dont témoigne son emploi dans la vita de Conwoion, comme on l’a vu, fut à l’origine de l’interpolation à la même époque dans les Gesta sanctorum Rotonensium du toponyme Corisopiti pour localiser le siège de l’évêque Félix[13] ; du coup, les évêques d’Alet, empêchés de recourir à la tradition de la civitas des Coriosolites, dont ils étaient pourtant les héritiers légitimes, ont préféré reconnaître dans le nom de leur siège un avatar de celui de l’ancienne cité des Diablintes, dont l’importante capitale, Jublains, n’avait pas connu l’établissement d’un évêché au bas Empire. 


On aura noté que furent laissées dans l’ombre, à l’occasion de ce véritable jeu de « sièges épiscopaux musicaux », les origines de l’évêché de Saint-Brieuc : c’est peut-être du côté d’une ancienne circonscription carolingienne du Poitou, le pagus Briocensis, que les évêques du lieu étaient allés chercher, sans véritable succès d’ailleurs, une forme de légitimité[14]. On peut noter que la vita du saint éponyme [BHL 1463-1463a][15] fait état d’une certaine animosité entre Brieuc et son neveu Tugdual, tension dont nous ne connaissons pas les raisons précises ; mais celles-ci, qui bien sûr appartiennent en propre à l’hagiographe et non à son héros, ressortissent très certainement à la nature des deux évêchés concernés, que leur création tardive, dans des conditions manifestement jugées irrégulières d’un point de vue canonique, privait a priori de légitimité et condamnait par là même les prélats qui présidaient à leur destinée à une semi-reconnaissance en tant que simples suffragants du siège de Dol, dont le statut métropolitain était lui-même fort discuté.


De plus, l’évêque de Tréguier avait sans doute à batailler contre celui de Léon, qui avait fait les frais de la territorialisation de son diocèse : la vita longue de Tugdual évoque d’ailleurs à plusieurs reprises ces aspects de limites diocésaines et souligne notamment le rôle joué par les reliques tugdualiennes dans un miracle opportunément intervenu à Plouigneau, aux confins occidentaux de l’évêché, à l’occasion d’un déplacement sur place de l’évêque Martin[16]. Déjà, à l’occasion de la composition de la vita moyenne, ce prélat, en soulignant que la fondation du siège de Tréguier avait été voulue par Childebert et en situant à Paris, capitale du royaume franc, la consécration épiscopale de Tugdual, avait présenté les deux diocèses comme des entités comparables et établi une véritable parité entre leurs fondateurs ; mais au-delà de ces emprunts à Wrmonoc, auteur de la vita carolingienne de Paul Aurélien [BHL 6585][17], l’évêque Martin a cherché à établir de manière péremptoire et irréfragable la légitimité de son siège épiscopal à l’encontre de ses possibles adversaires : c’est ainsi que, par une invention inouïe, Tugdual est même présenté comme ayant été désigné à Rome pour occuper le siège apostolique par la foule des fidèles, laquelle « change son nom et l’appelle Léon le Breton, à ce que rapporte le catalogue romain » (mutato nomine ipsum Leonem Britigenam nominat, ut Romanus catalogus narrat)[18]


III

Bernard, sans remettre en cause l’idée que l’invention de ce pontificat visait avant tout à donner aux successeurs de Tugdual un avantage indiscutable sur les autres évêques de Bretagne, s’intéresse aux circonstances dans lesquelles a pu naître une telle légende, qui se trouve manifestement en relation étroite avec l’érection récente du siège de Tréguier. Il suggère à cette occasion deux pistes de recherche.


La première concerne ce qui apparaît comme un véritable topos hagiographique en Ecosse et en Irlande et qui, fondé sur une « interprétation erronée du nom “Pape” » [19], met en avant la renonciation au siège pontifical par tel saint s’en retournant aux obligations plus humbles et moins mondaines de sa vocation initiale. Ces « hypothétiques influences “scottiques” » [20] sont apparemment confirmée pour Tugdual par l’auteur de sa vita brève, qui désigne « sa terre natale, à savoir la Scothie » (terram nativitatis sue, Scothiam videlicet) et indique avoir travaillé à partir de « sa Vie, rédigée dans la langue barbare des Scots» (in vita ipsius barbarica Scotigenarum lingua descripta)[21], plus vraisemblablement un texte rédigé « dans un latin défectueux par rapport aux normes des écoles ligériennes » [22]. Quant à la vita longue du saint, son récit est plus explicite encore : Tugdual « a beau résister beaucoup et prétexter son origine étrangère, une fois intronisé, il est élevé au siège apostolique, et reçoit le nom de Léon le Breton, honneur dont les Bretons ont gardé mémoire, en appelant le bienheureux : saint Papbu en langue barbare alors qu’ils veulent dire “Pape”, car ils ont corrompu la dernière syllabe » (licet multum renitens suamque barbariem excusans, intronisatus apostolica sede sublimatur, Leoque Britigena nominatur, quod celebri memoria Britanni recolunt beatum virum sanctum Papbu barbarice vocantes corrupta scilicet posteriore syllaba Papam dicere volentes) [23].


La seconde piste de recherche proposée par Bernard à la sagacité de ses continuateurs se rapporte au nom de Léon attribué par l’auteur de la vita moyenne à « son » pape : sans illusion sur la validité des arguments qui ont été avancés pour identifier ce pontife fantôme avec Léon V, notre ami retient néanmoins cette suggestion parce que les origines de ce dernier et sa brève carrière (quelques semaines en 903) étaient en effet, à l’époque de la composition de la vita moyenne, suffisamment obscures pour permettre d’y rattacher l’épisode tugdualien. Or, les relations entre la Bretagne et l’Italie à la charnière des IXe et Xe siècles, dont témoignent notamment les échanges entre Wrdisten de Landévennec et l’évêque Jean d’Arezzo, renvoient incontestablement  à un contexte politique particulier, dont le souvenir n’était peut-être pas encore perdu à Tréguier au milieu du XIe siècle[24] ; mais il faudrait également voir, là encore, le rôle joué dans la création de la légende par l’évêque Martin, prélat influent, dont tout laisse à supposer qu’il détenait dans sa riche bibliothèque[25] des ouvrages particulièrement intéressants : ainsi le Romanus catalogus dont il est question dans la vita moyenne pourrait bien avoir consisté en une vaste compilation comprenant, outre une copie de la Notitia Galliarum, quelque catalogue pontifical, qui à cette époque comptait déjà neuf papes du nom de Léon[26].




André-Yves Bourgès



[1] B. MERDRIGNAC, «  La “renonciation” de Tudual Pabu au siège pontifical », Y. COATIVY, A. GALLICÉ, L. HÉRY et D. LE PAGE (dir.), Jean-Christophe Cassard, historien de la Bretagne, Morlaix, 2014,  p. 214, n. 10.

[2] IBIDEM, p. 217.

[3] IBID.,  n. 33.

[4] P. LAJOYE, « Les établissements de religieux d’outre-Manche sur le territoire de la province ecclésiastique de Rouen (Ve-VIIe siècle) », Britannia Monastica, 15 (2011), p. 33, n. 28.

[5] P. LABBÉ, G. COSSART, N. COLETI, G.D. MANSI, D. PASSIONEUS, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, t. 19, Venise, 1774, col. 843-844 : Martinus Auximorum, item Martinus Dialetum. Le nom de Martin d’Alet est immédiatement suivi de celui de Martin du Mans (item Martinus Coenomannicorum) ; mais ce dernier prélat ne figure pas sur les listes épiscopales que nous avons consultées (voir notamment L. DUCHESNE, Catalogues épiscopaux de la province de Tours, Paris, 1890, p. 35-52).

[6] P. LAJOYE, « Les établissements de religieux d’outre-Manche… », p. 34.

[7] Nous suivons ici l’édition et la traduction données en 2012 par Fabrice KERLIRZIN dans son excellent mémoire de master 2, Les Vitae médiévales de saint Tugdual. Texte établi, traduction inédite et commentaire, sous la direction de Benoît JEANJEAN.

[8] Cette civitas est encore anonyme dans la vita de saint Efflam, ouvrage qui doit donc avoir été composé à la fin du XIE ou au début du XIIe siècle, entre la vita moyenne et la vita longue de saint Tugdual. Il est clair en tout cas que dès cette époque les ruines du Yaudet étaient désignées par le nom de civitas. Nous supposons que ce lieu avait été, aux temps carolingiens, le siège d’un concurrent du prélat installé à Saint-Pol-de-Léon ; mais c’est l’établissement sur place d’un des deux archidiacres de l’évêque de Tréguier – sans doute au début du XIIIe siècle, au moment où, dans tous les diocèses de Bretagne, se « territorialise » le pouvoir exercé par les archidiacres – qui est à l’origine de la légende proprement dite de l’évêché apostolique de Lexobie.

[9] J.-J. BOURASSÉ, Cartulaire de Cormery, Tours, 1861, p. 69.

[10] Cette revendication figure dans la vita de Gildas [BHL 3541], F. LOT, Mélanges d’histoire bretonne, p. 436, et dans celle de Goustan [BHL vacat] dont les vestiges ont été publiés par A. OHEIX, Notes sur la vie de saint Gildas, Nantes, 1913 (Études hagiographiques, 9), p. 34-35.

[11] M. DEBARY, « La Vita Menulphi », Britannia Monastica, 6 (2002), p. 112-116. La datation de ce texte demeure discutée, entre la fin du Xe et le début du XIIe siècle ; mais il ne semble pas faire de doute qu’il a été composé pour servir de « mode d’emploi » des reliques du saint conservés à l’abbaye de Mailly en Bourbonnais, aujourd’hui la commune de Saint-Menoux (Allier).

[12] J. QUAGHEBEUR, La Cornouaille du IXe au XIe siècle. Mémoire, pouvoirs, noblesse, 1e édition, s.l. [Quimper], 2001, p. 179-182.

[13] Cette interpolation a finalement été reconnue en 1952, rendant dès lors caducs tous les efforts d’érudition déployés jusque-là «  pour déduire de cette appellation des précisions sur les origines de l’évêché de Quimper » : cf. B. MERDRIGNAC, Recherches sur l’hagiographie armoricaine du VIIe au XVe siècle, t. 1, s.l. [Saint-Malo], 1985, p. 21. Comme le souligne J.C. POULIN, « Le dossier hagiographique de saint Conwoion de Redon. A propos d’une édition récente », Francia, t. 18 (1991), n°1, p. 143, « en vérité, l’auteur des Gesta ne savait pas trop où asseoir l’évêque Félix, d’où sa présentation un peu vague (alium episcopum) ».

[14] Cette hypothèse nous a été inspirée par celle développée en son temps par le regretté H. GUILLOTEL à propos des origines de la titulature episcopus Sancti Brioci substituée à celle episcopus Briocensis ; mais elle en prend respectueusement l’exact contrepied.

[15] F. PLAINE, « Vita s. Brioci episcopi et confessoris ab anonymo suppari conscripta », Analecta Bollandiana, t. 2 (1883), p. 162-188 ; A. PONCELET, « Catalogus codicum hagiographicorum latinorum bibliothecae publicae Rothomagensis », Analecta Bollandiana, t. 23 (1904), p. 264-265.

[16] F. KERLIRZIN, Les Vitae médiévales de saint Tugdual…, « Vie longue », § 34.

[17] C. CUISSARD, « Vie de saint Paul de Léon en Bretagne, d’après un manuscrit de Fleury-sur-Loire conservé à la bibliothèque publique d’Orléans », Revue celtique, t. 5 (1881-1883), p. 417-458.

[18] F. KERLIRZIN, Les Vitae médiévales de saint Tugdual…,  « Vie moyenne », § 6.

[19] B. MERDRIGNAC, «  La “renonciation” de Tudual Pabu au siège pontifical », p. 219.

[20] IBIDEM, p. 218.

[21] F. KERLIRZIN, Les Vitae médiévales de saint Tugdual…, « Vie moyenne », § 1

[22] B. MERDRIGNAC, «  La “renonciation” de Tudual Pabu au siège pontifical », p. 218.

[23] F. KERLIRZIN, Les Vitae médiévales de saint Tugdual…, « Vie longue », § 20.

[24] IBIDEM, p. 221-225.

[25] Nous savons notamment que dans cette bibliothèque figurait  un homéliaire d’Haimon d’Haverstad, dont il est amplement question dans une lettre contemporaine de l’épiscopat de Martin, adressée à l’abbé de la Trinité par l’un de ses moines : voir C. METAIS, Cartulaire de l’abbaye cardinale de la Trinité de Vendôme, t. 1, Paris, 1893, p. 169-170.


[26] Le moindre d’entre eux n’est certainement pas le propre contemporain de l’évêque Martin, qui intervint à plusieurs reprises avec succès dans les affaires ecclésiastiques bretonne : H. GUILLOTEL, « Bretagne et papauté au XIe siècle », dans R. Grosse [éd.], L’Église de France et la papauté (Xe-XIIIe siècle). Die Französische Kirche und das Papsttum (10.-13. Jahrhundert). Actes du XXVIe colloque historique franco-allemand organisé en coopération avec l’École nationale des chartes par l’Institut historique allemand de Paris (Paris, 17-19 octobre 1990), Bonn, 1993, p. 271, souligne qu’à cette époque, « sur les neuf évêques [sic, lire : évêchés] que compte désormais la principauté, au moins quatre ont des titulaires en pleine communion avec l’Église universelle », à savoir les prélats qui siègent alors à Rennes, Nantes, Tréguier et Quimper.

21 juin 2014

Pierre Flobert, Grammaire comparée et variétés du latin



Pierre Flobert, bien connu du monde des spécialistes pour ses recherches sur les verbes déponents latins et la nouvelle édition, dépoussiérée et enrichie, qu’il a donnée du vénérable Gaffiot, a eu l’excellente idée de réunir, en un fort et beau volume de 768 pages publié par les soins de la Librairie Droz sous le titre un peu austère de Grammaire comparée et variétés du latin, un grand nombre de ses autres travaux. Plusieurs d’entre eux intéressent l’hagiographie médiévale et même l’hagiographie armoricaine, ainsi ce qui concerne saint Samson de Dol, dont Pierre Flobert a par ailleurs donné l’édition critique, commentée et traduite, de la plus ancienne vita et dont il explore ici, dans six études pleines d’alacrité, les différents « à-côtés » ; il s’intéresse également au dossier hagiographique de Marcouf et à la spécialisation thérapeutique de ce saint.

En compagnie de son épouse, Mme Annette Flobert, et de leurs enfants, Pierre Flobert avait invité le 20 juin à Paris les souscripteurs de cet ouvrage à venir retirer leur exemplaire. Ce fut l’occasion d’une cérémonie sans formalités, ni préséances, où l’auteur a rappelé avec humour les principales étapes de sa carrière, qui témoignent de son insatiable curiosité et de sa prodigieuse érudition.

Pierre Flobert (à droite) et André-Yves Bourgès (21 juin 2014)

 Nous n'essaierons pas de donner ici une recension de Grammaire comparée et variétés du latin, tâche qui s’avère bien au-dessus de nos compétences (voir le CR par Eric Dieu); mais, dans plusieurs des champs de recherche déjà moissonnés par Pierre Flobert, peut-être pouvons-nous espérer trouver dans le futur quelques glanes à ramasser après lui : le cas échéant, ce sera l’occasion de rendre hommage à un Maître qui nous a toujours honoré de son amitié depuis l’époque où il fut, avec François Dolbeau, l’un des deux rapporteurs de la thèse de l’Ecole pratique des hautes études que nous avons préparée sous la direction de Jean-Loup Lemaitre.

André-Yves Bourgès

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